mercredi 15 juin 2011

Fred Michalak ou les illusions perdues

Bienvenue !

Pour ouvrir un blog, il faut un élément déclencheur. L'idée trotte dans un coin de la tête, elle prend de l'ampleur en visitant quelques pages, en s'intéressant à ce qu'écrivent les autres mais il faut un événement, une phrase pour qu'elle prenne forme.

Cet élément déclencheur en bon toulousain (d'adoption) que je suis a surgi samedi dans l'Equipe Mag et concerne le Stade Toulousain, cette institution du rugby français.


Samedi, Michalak a parlé. Lui, si discret à propos de son départ de Toulouse, a décidé de s'exprimer dans une longue interview à l'hebdomadaire.
Cet entretien, derrière la blessure morale d'un garçon qui a donné beaucoup à son club de cœur nous fait nous interroger sur l'évolution que connaît le rugby.

Que nous dit Michalak ?













Il revient en détail sur son attachement à son club formateur, sur la passion ressentie pour le Stade, sur les sacrifices faits par sa famille pour supporter le club...
Face à cette fidélité et à ce qu'a pu apporter le joueur Michalak tout au long de sa carrière au club rouge et noir, il était normal de s'attendre à un hommage appuyé pour ce qui aurait dû être sa dernière sortie en rouge et noir face à Clermont. Ce ne fut malheureusement pas le cas et Michalak est parti avec moins d'égards qu'un joueur qui aurait disputé deux malheureuses saisons sous un maillot quelconque.

Premiers visés, les membres du staff toulousain. Ces mêmes personnes qui ,déjà, remettaient en cause le niveau rugbystique du joueur lors de son retour au pays en 2008. Remise en cause qui valut, on l'apprend maintenant, une période de dépression au demi d'ouverture. Ce que Michalak leur reproche c'est cet acharnement dont ils ont fait preuve pour le convaincre qu'il n'était plus bon à rien. Seul rescapé de cette critique, Guy Novès, pour qui Michalak conserve une affection, celle d'un fils envers son père.
Les seconds critiqués sont les coéquipiers qui n'ont jamais osé prendre la défense du joueur. La blessure est accentuée par le fait que ces coéquipiers étaient des « camarades » , des « amis » pour certains après des nombreuses années passées côte à côte.

Que peut-on retenir de cette interview ?

En lisant cet article, on devient spectateurs de l'opposition grandissante qui existe entre le rugby et ses valeurs humaines sans cesse louées et la professionnalisation constante de ce sport.

D'un côté, Michalak et ses illusions perdues, de l'autre le Stade Toulousain et sa froide logique de résultats.

Certes, Michalak avait perdu son meilleur niveau. Certes, il était plus souvent blessé que titulaire et un départ était devenu inexorable surtout dans ce club qui cherche toujours la performance optimale. Fred Michalak lui-même ne remet pas en cause ce choix sportif.
Ce qui est inquiétant pour l'avenir, triste pour le joueur, mais aussi pour le club, c'est la façon de procéder. Un club, et surtout un club mythique comme le Stade, se construit une histoire grâce à son palmarès, à ses trophées, mais aussi grâce aux hommes. Ceux qui rendent mythiques un club sont avant tout les joueurs. Dans ce contexte sportif où l'attachement à un club, à un maillot est chaque jour moins important, il est du devoir d'un club de rendre hommage à ceux qui un jour ont permis d'ajouter des lignes au palmarès.

Cette responsabilité incombe aux dirigeants, ce sont eux les garants de cette continuité.

Le rugby, sport de valeurs, sport d'Hommes, se doit de rester attentif à ça. La professionnalisation a du bon et doit s'accentuer pour donner à ce sport la place qu'il mérite et qu'il obtient petit à petit mais il ne doit pas s'égarer dans une inélégance qui ne lui correspond pas.

De la même façon que Sandro Rosell a fait du mal au Barça en retirant le poste de président d'honneur à Cruyff seulement quelques jours après son élection, le Stade Toulousain a fait du mal à l'institution en ne prenant pas la peine de remercier Michalak après 21 ans passés au service du club. 

Ne vous étonnez plus maintenant de voir des joueurs rester un an ou deux avant d'aller voir si le chèque est mieux rempli ailleurs...

Il fallait un événement, une phrase pour que je lance ce blog. Je l'ai trouvée samedi mais elle était triste.

4 commentaires:

  1. Franchement pour un début ça promet ! C'est intéressant parce qu'on peut transposer ça dans le handball avec Montpellier, qui a viré Daouda Karaboué par presse interposée et sans plus d'égards que ça l'an dernier. Là encore, le choix sportif pouvait se comprendre (encore que ...) mais la manière non.
    Soit dit en passant, ce qui est valable dans le monde du sport l'est aussi dans celui de l'entreprise. Ce n'est pas parce qu'on est pro qu'il faut oublier d'être humain ...

    RépondreSupprimer
  2. Ça me fait penser au problème avec Bastareaud et le Stade Français. La santé mentale des joueurs est parfois un peu trop mise de côté...on a trop tendance à vouloir en faire des machines...

    RépondreSupprimer
  3. La seule différence entre Bastareaud et Michalak à mes yeux, c'est l'attachement du joueur au club... Autant Michalak a, je crois, été irréprochable et respectueux envers son club, autant Bastareaud a été limite, et je ne parle pas de son aventure néo-zélandais...

    RépondreSupprimer
  4. Justement, étant donné que c'est un joueur qui visiblement est instable et assez jeune, il est d'autant plus important qu'il soit bien entouré pour être recadré. Cependant, je suis d'accord sur le fait que Michalak a toujours été réglo et méritait un départ un peu plus digne.

    RépondreSupprimer