Les réseaux sociaux sont aujourd’hui une réalité incontournable dans le sport. En effet, la grande majorité des équipes professionnelles a une présence sur Facebook et ce quelque soit la discipline. En plus de ces pages officielles qui représentent un canal de communication privilégié, les clubs s’appuient sur les pages personnelles de leurs sportifs. Cette synergie permet d’utiliser la notoriété d’un joueur pour rassembler autour du club. Cela devient aussi de plus en plus le cas sur Twitter, réseau qui joue un rôle désormais majeur dans la communication autour du sport.
Cette forte poussée de Facebook et Twitter dans le monde du sport professionnel est une chance non négligeable. Cependant, cette nouvelle utilisation de la part de sportifs pros inquiète les organisations internationales et les acteurs de l’économie du sport.
Jusqu’à aujourd’hui, les règles n’étaient pas clairement fixées, ouvrant la porte à des dérives et à des erreurs de communication. On peut citer par exemple Jérémie Janot qui traite notre Jean-Mimi national de « connard » ou encore le tweet à 10000£ de Babel, joueur de Liverpool, suite à une erreur d’arbitrage d’Howard Webb.
Cette approximation pourrait changer avec la décision prise par le CIO en prévision des JO de Londres. Conscient qu’il était impossible d’interdire aux athlètes de tweeter, et conscient que cette proximité toujours accrue avec le public consommateur de sport était une opportunité fantastique pour l’économie du sport, le CIO a décidé d’établir un guide de l’utilisation d’internet.
Vaste sujet résumé en 4 pages. Les règles énoncées sont assez simples et protègent globalement les intérêts des médias et autres sponsors. Ainsi, les athlètes doivent s’exprimer obligatoirement à la première personne du singulier. Cette mesure empêche le sportif de passer pour un journaliste et de concurrencer les médias et leur ribambelle de chroniqueurs officiels. Il est bien entendu interdit de passer des messages publicitaires ou commerciaux.
Le second point important vise à protéger les diffuseurs. En effet, il sera strictement interdit de partager des photos et des vidéos prises à l’intérieur des stades. Cette mesure est radicale et fait perdre de l’intérêt à la présence sociale des athlètes.
En effet, en énonçant cette règle, le CIO va à l’encontre de ce qui fait l’intérêt de la présence des sportifs sur Internet. Le succès des comptes Twitter des sportifs est dû principalement à leur liberté de ton, au fait qu’ils puissent publier des infos décalées et des images personnelles. Si on retire cette spontanéité, nous allons rentrer à nouveau dans une communication ultra-contrôlée, qui différera peu des informations officielles données par les moyens de communications traditionnels.
Alors comment faire pour concilier les deux ?
Les clubs font de plus en plus appel à des agences de communication qui gèrent la présence sur les réseaux sociaux des athlètes. Le rôle de l’agence est de traiter de manière différente l’info officielle donnée par le club et l’info plus personnelle diffusée par le joueur tout en évitant les erreurs de communication ou les doubles discours. Gare aux dérives dans ce cas car c'est ainsi qu'on voit apparaître des comptes tenus par des Community Manager et non par les athlètes eux-mêmes (Tsonga pour ne citer que lui...) Pour les clubs ne bénéficiant pas des moyens nécessaires, il existe la possibilité de faire contrôler les tweets des sportifs par le service communication toujours dans le but de ne pas compromettre les intérêts du club.
Face à ce nouveau facteur, les clubs, fédérations, organismes internationaux doivent réussir à s’organiser afin de préserver cette fraîcheur retrouvée dans la communication tout en évitant de se tirer une balle dans le pied. Si ce média plaît c’est parce qu’il permet d’éviter le traditionnel discours langue de bois d’après match. Mais, touchant de plus en plus de public, il devient nécessaire d’y jeter un œil afin de s’assurer que tout le monde tire dans le même sens.
Alors si et seulement si cet équilibre est respecté, Twitter et Facebook seront amenés à prendre une part toujours plus importante car ils permettent un lien direct entre sportifs et publics et une interaction totale. Le consommateur de sport étant toujours en recherche de proximité avec les sportifs et les clubs, il trouve ici ce qu'il recherche par dessus tout : de la prétendue sincérité.
Bien observé. Les réseaux sociaux modifient incontestablement la donne dans le sport et, comme d'habitude, les institutions sont à la traîne...
RépondreSupprimerPour les JO, il est évident que le CIO détient un trésor auquel il tient plus que tout : ses droits de diffusion. Facebook et Twitter pourraient tout bousculer. L'occasion serait idéale pour les athlètes, à Londres par exemple, de ne pas céder aux oligarques de l'olympisme qui vont leur imposer, comme dit dans le billet, une sorte de baillon numérique...
Il est parfaitement vrai que cette interdiction constitue une véritable entrave à la liberté d'expression.
La réaction des athlètes sera intéressante à observer. Les menaces du CIO restent assez vagues (l'exclusion des JO semblant être la mesure brandie...). On verra bien quelle sera la réaction des sportifs cet été. Il me semble difficile de leur interdire de réagir spontanément.
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